Le 12 février 2012...deux mois depuis le décès de ma cocotte d'amour. Que dire? les mots semblent futiles lorsque je tente de nommer les sentiments qui m'habitent. Tristesse et amour se croisent dans mon cœur, ma tête est souvent lourde de pensées tout en voguant silencieusement sur un nuage connu de moi seule. Son absence me pèse...et son souvenir m'émeut. C'est ainsi...je l'accepte quand même sereinement...mais ça n'enlève pas la difficulté de vivre chaque jour sans sa présence, sans ma petite fille...en sachant que je ne pourrai plus jamais la revoir. Certaines journées sont plus ardues...une simple activité, même agréable, me demande une énergie énorme...physiquement (probablement en raison de la grossesse) mais également mentalement (je ne crois pas pouvoir "blâmer" Adam sur ce point). Toute cela semble lourd...mais en réalité je suis tout à fait fonctionnelle et je peux même être souriante, voir même d'agréable compagnie (je le souhaite pour mon entourage). Nous sommes capable de vaquer à nos occupations, quoi qu'un peu plus au ralenti et avec une capacité de concentration diminuée. À certains moments je me soupçonne d'avoir des petits moments d'égarement quelque part dans mon cœur ou dans ma tête...le temps semble m'oublier quelques instants et hop voilà déjà une heure de passée sans trop que je sache ce que j'y ais accomplie...Rassurez-vous, comme nous l'avons été en l'apprenant...nous sommes normaux ! Youpi (soupir de soulagement) !
Comme nous constations que notre situation n'allait pas en s'améliorant et que nous sommes deux adultes lucides désirant demeurer sain d'esprit (oui oui nous le sommes)...nous avons rencontré Marie-Claude, infirmière intervenante sociale des soins palliatifs du Montreal Children pour lui parler un peu de nous. Elle nous a fait un bien immense en nous confirmant, notamment, qu'on est normaux...c'est quand même un bon point de départ. Elle nous a rappelé que notre tristesse est le résultat de notre grand amour pour Ophélie...il est normal d'avoir une peine à la mesure de cet amour...une peine d'amour. Voici une citation de Earl Grollman qu'elle nous a partagé :
"Grief is not a disorder, a disease or a sign of weakness. It is an emotional, physical and spiritual necessity, the price you pay for love. The only cure for grief is to grieve."
(Traduction libre : Le deuil n'est pas un trouble, une maladie ou un signe de faiblesse. C'est une nécessité émotionnelle, physique et spirituelle, le prix à payer pour l'amour. Le seul traitement pour le deuil est de le vivre.)
|
(image internet)...est-ce la bonne représentation de l'expression : porter son deuil ? |
Avouez que ça fait du sens ! Le premier mois qui a suivi le décès d'Ophélie a été, dans l'ensemble, plus facile que le second : encore normal. C'est une période où nous sommes secoués, un peu sur le pilote automatique, porté par énormément de gens et par l'adrénaline. C'était en plus, pour nous, le temps des fêtes...bref après environ un mois la réalité nous rattrape...les émotions sont plus vives, la routine doit reprendre, certaines images agréables et moins agréables restent gravées (parfois trop) tandis que d'autres s'effacent trop rapidement, des symptômes physiques apparaissent (surtout pour papa) et le vide s'agrandit : tout à fait normal.
|
Un souvenir...une sensation...fragile et précieux. |
Maintenant que l'on se sait normaux...qu'on a pas à s'inquiéter de basculer un peu trop loin dans cette tristesse (on voudrait éviter les dépressions et autres excès émotionnels et physiques)...on fait quoi ? Ce n'est pas parce que c'est normal que ce n'est pas désagréable à vivre. La mauvaise nouvelle dans tout ça c'est que le temps est le meilleur remède..je n'aurais jamais pensé écrire ça, c'est tellement banal : le temps arrange les choses. Un peu plat. Combien de temps ? c'est variable. Je crois que je vais devoir m'y faire, lâcher prise et laisser faire le temps...personnellement ce n'est pas ma force d'attendre que ça passe. Je dois apprivoiser la passivité. Heureusement que David est là pour m'aider, non pas qu'il soit passif, mais disons qu'il est doué dans l'art de débrancher ses fils de cervelle pour prendre une pause. Mettre mon cerveau à "off" n'est pas ma compétence première. La gentille Marie-Claude nous a dit que nos stratégies individuelles, à David et moi, sont parfaitement complémentaires (Yé!). À nous deux on peut trouver un équilibre parfait pour vivre sainement notre deuil : David m'aide à laisser les choses aller, à ne rien faire, à vider ou occuper mon esprit ailleurs et je nous empêche de sombrer et s'isoler en se laissant trop aller dans la tristesse et l'ermitage. Je confronte plus la situation, je regarde les photos et le diaporama d'Ophélie, j'en parle, j'écris et je me remémore des souvenirs...c'est plus difficile pour David. Je nous "botte les fesses" pour qu'on ne demeure pas assis toute la journée, qu'on demeure un minimum actif et productif dans les journées où la motivation est plus laborieuse, alors que David me convainc parfois de passer une journée entière à ne rien faire...rien, sauf le strict nécessaire puisqu'il faut manger et que Jacob ne se range pas dans l'armoire (veuillez noter cependant que je n'ai pas essayé...il faudrait d'abord que je fasse le ménage dans l'armoire et je n'en ai pas envie, hihi).
|
Je l'imagine tellement de dire "essaie de me mettre dans l'armoire maman..." Adorable fiston. |
Alors c'est dont ça vivre un deuil...on peut connaitre toutes les étapes par cœur mais les ressentir dans tout son être c'est autre chose, un autre niveau de compréhension, même si chaque deuil est différent...une expérience dont je me serais bien passé par contre. Plus que jamais je chérie la vie et je suis blessée et souvent choquée de voir, d'entendre ou de lire des gens qui s'attardent à des futilités sans importance et qui prennent pour acquis ce qui est si précieux : nos enfants...nos proches...la VIE. Je suis dérangée de constater que plusieurs personnes ne croient plus en la vie, et par le fait même détruisent la leur et celle des autres. J'ai un pincement au cœur chaque fois que j’apprends qu'un enfant est malade ou que quelqu’un a osé lui faire du mal. Je suis peut-être à fleur de peau...je suis peut-être déstabilisée par la vie...mais je le suis parce que j'aime ma fille qui est partie dans les étoiles...et c'est normal de réagir ainsi pour toute personne saine d'esprit. L'amour devrait être mieux valorisée et plus présente dans notre société, dans nos vies. S'il y a quelque chose de "normal", alors c'est définitivement l'amour et chaque larme que je verse en vaut largement la peine. Aimez sans mesure...aimez sans retenue. Merci Marie-Claude !
|
L'amour sous toutes ses formes...un beau moment d'amour avec grand-papa |
Je suis émue de voir qu'on peut vivre une si grande épreuve avec autant de "calme" et de "paix". Vous êtes d'une grande inspiration tout les deux... Merçi.
RépondreSupprimerEt en passant tu es de très bonne compagnie...
Sara xx
Pas une journée ne passe sans que je verse une larme pour Ophélie
RépondreSupprimerS'il y avait un peu plus d'amour en ce monde, il y aurait moins de guerre...
RépondreSupprimerOn passe facilement,dans le quotidien,du rire au larmes et ce sans raison. Alors vous êtes ce qui est des plus normaux. Quand l'absence d'Ophélie se fait sentir à chaque seconde qui passe pourquoi vous questionner sur vos états d'âme. Pleurer est ce qui sain & hophop comme tu le dis si bien, on continu malgré tout. Je vous envoie une grosse caresse à vous trois OUPS à vous quatre bientôt. Colette
RépondreSupprimerBonjour Stéphanie,
RépondreSupprimerEnvoie-moi un courriel à l'adresse suivante (pour que je puisses avoir ton adresse e-mail)
mamanabord@hotmail.com
J'aimerais t'envoyer quelque chose.
Josée xx