Je ne joue plus. Quelle constatation désolante...pourtant j'aime la vie, j'aime rire et avoir du plaisir. Est-ce la fatigue...l'inquiétude...qui est venue à bout de l'enfant en moi ? Je dois le réveiller...je dois me réveiller. Je veux jouer...je veux courir inconsciemment les yeux fermés et sentir le vent effleurer mon visage. Je veux rouler en bas d'une colline de tout mon long. Je veux me rouler dans la boue et éclater de rire à en avoir mal à la mâchoire. Je veux me sentir libre et voler comme un oiseau.
Je me sens lourde...lourde de responsabilités...lourde de soucis. J'ai peur de fermer les yeux et de manquer quelque chose...je pourrais perdre Ophélie de vue...je pourrais perdre le contrôle, que je n'ai pas de toute façon. J'ai la tête pleine d'inquiétudes et de questions...j'ai le cœur remplis d'émotions contradictoires. À quel moment ais-je oublié comment jouer ?...probablement quelque part dans la dernière année...quoi que je sois extrêmement heureuse d'avoir tout ce temps avec Ophélie, on doit admettre que c'est long 1 an à accompagner son bébé en soins palliatifs jour après jour...nuit après nuit. Ce qui est difficile est l'accumulation, et non de savoir qu'elle va nous quitter...lorsque le temps sera venu, on aura amplement le temps de vivre ce chapitre, en attendant on doit faire face à plusieurs volumes et les intrigues nous semblent de plus en plus complexes (par contre j'adore les personnages). Je dois lâcher prise...je dois me laisser aller et prendre le risque de tomber...je n'ai pas a avoir peur puisque je suis si bien entourée...si bien supportée. Je dois réapprendre à jouer...Jacob pourrait me montrer.
J'ai eu ma première leçon ce matin au parc...marcher sur un bout de bois et tomber dans les copeaux en évitant les requins...courir pour attraper Jacob et le faire tournoyer dans les airs...m'envoler vers le ciel sur la balançoire et courir dans l'herbe humide et fraichement coupée...j'ai eu beaucoup de plaisir...Ophélie a fait la sieste au grand air, jamais très très loin de sa maman qui avait laissé un œil, une oreille et une section de cervelle à ses côtés. J'ai joué...un peu...j'ai tenté de me laisser aller, mais je dois avouer que je n'y suis arrivé que partiellement. Peut-être est-ce que j'avais laissé trop de cervelle en service...comment est-il possible de lâcher prise alors que je sais qu'Ophélie ne va pas bien...ou peut ne pas bien aller à tout instant. Comment jouer après une nuit à l'entendre gémir et pleurer de sa petite voix triste ? Hé bien je vais devoir trouver car la situation ne va pas aller en s'améliorant et si je veux vivre je vais devoir jouer...et puisque j'ai choisi de vivre, alors jouons !
Dring, dring... Est-ce que tu veux jouer avec moi? J'ai aussi envie d'éclater de rire.
RépondreSupprimerMamie xxx
BRAVO! Alors je dois aussi demander à mon grand Vincent de me remontrer comment jouer car j'ai moi aussi oublié (ou plutot mis de côté) depuis que nos jumeaux ont chacun leur maladie différente et que nous n'avons pas les causes et nous attendons après les généticiens depuis.......Ce que je fais: un jour à la fois si trop dure: une heure à la fois si trop dure je prends un pas à la fois. Alors demain je vais aller rejoindre les enfants à l'école et leur demander de me montrer comment JOUER.
RépondreSupprimerMERCI A TOI STÉPHANIE et aussi aux personnages de ta vie.
Chantal