J'ai beaucoup de difficulté à écrire...les mots ne viennent pas...ma muse me manque. Les dix derniers jours sans ma cocotte ont été teintés de grandes émotions. Tout me fait penser à elle, chaque mot la fait resurgir mais aucun mot ne se forme sans elle à mes côtés. Je pense à elle à chacun de mes réveils, qui sont malheureusement trop fréquents dès 2h30-2h45 am chaque nuit. Je pense à elle quand je me couche le soir, je l'imagine couchée contre moi, mes yeux dans ses yeux et je lui parle...je pense à elle sans arrêt. Je voudrais tant pouvoir la prendre dans mes bras et l'embrasser doucement, je voudrais tant regarder chacun de ses traits et l'écouter respirer. Je le voudrais...mais c'est impossible...je ne pourrai désormais le faire que dans mes rêves. Je sais que je dois "simplement" m'adapter, apprendre à vivre avec ce vide dans ma vie...je sais qu'avec le temps la peine va s'estomper et qu'une nouvelle routine va s'installer...je le sais, mais en attendant ce n'est pas là où je suis rendue...en attendant ma fille me manque énormément.
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Je n'ai pas de mot pour dire à quel point je la trouve belle...ma muse. |
Je ne compte plus le nombre de fois que nous avons regardé le magnifique diaporama d'Ophélie (merci papa) et écouté sa chanson en boucle. Il fait tellement de bien de la voir, même si ce n'est qu'en photo. Étrangement il nous a fait du bien de la voir dimanche au salon. Je sais que c'est bizarre à dire...j'espère ne pas paraître trop morbide, mais c'était rassurant de la savoir tout près même si ce n'était en réalité que son corps et qu'elle n'y était plus. La journée des funérailles s'est vraiment bien passée...tel que je le souhaitais j'ai vu des enfants courir et rire, Jacob et sa cousine ont fait un casse-tête par terre en plein milieu de la salle, des gens ont pleuré, sourit et rit...moi inclus. La vie a côtoyée la mort pour nous apporter un sentiment de paix et d'amour. Car de l'amour je peux vous dire qu'il y en avait dans l'air ! J'ignore combien de personnes sont venues...mais je sais que je n'ai pas pu passer le temps que j'aurais souhaité avec chacun d'entre eux. Même si le temps m'a manqué pour vous le dire, sachez que la présence de chaque personne m'a beaucoup touchée et que j'ai apprécié le soutien que vous nous avez donné: vous avez laissé une empreinte significative dans mon cœur, merci. Vers la fin de la journée, alors que plusieurs personnes arrivaient en même temps, je me suis retirée pour simplement regarder Ophélie une dernière fois...elle était si belle. J'aurais fait durer cet instant éternellement pour ne pas avoir à la quitter une seconde fois...une dernière fois. Nous avons dit au revoir à son petit corps afin qu'elle puisse retourner prendre sa place dans les étoiles (Jacob a dit en la voyant le matin qu'elle était revenue des étoiles...et en sortant du salon le soir il a montré le ciel étoilé en nommant sa cocotte...la vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants ?).
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Photo internet...car aucune de mes photos ne peut représenter la beauté d'une étoile telle qu'Ophélie |
Si la journée de dimanche fut belle et triste à la fois, c'est définitivement la journée de lundi qui a été la pire. Fatigué de la veille, c'est la journée qu'Ophélie a été incinérée...j'ai eu l'impression qu'on brulait une partie de moi-même. Un instant j'ai regretté notre décision...puis je me suis rappelé pourquoi nous l'avions prise : l'incinération est extrêmement difficile pour nous durant un instant relativement court, alors que se demander ce que devient son petit corps pour les prochaines années aurait été intensément pire. Nous sommes allé chercher l'urne mardi...elle est maintenant à la maison puisque la période hivernale empêche les mises en terre jusqu'au printemps. Je pensais que ça serait plus difficile de l'avoir à la vue. Je la regarde parfois...à certains moments avec un regard vide et à d'autres avec un sourire au coin des lèvres. Je me rappelle tous les merveilleux moments que nous avons eu la chance d'avoir avec elle, je me souviens de la chaleur qu'elle a apporté dans ma vie et je me souviens de ce qu'elle nous a légué : je ne peux que sourire.
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Ophélie avait 3 semaines lors de cette photo...cette photo me fait sourire instantanément |
Ophélie me manque...mais je dois avouer que je vais quand même bien...sincèrement...et je ne joue pas les superwoman. Malgré tout, malgré ce vide, nous allons relativement bien. Il y a de bons moments et certains plus difficiles. Ce qui est le plus marquant est que nous sommes très fatigués, notre endurance est plus faible et une sieste est souvent apprécié dans la journée...la pression qui redescend, l'adrénaline qui nous quitte, la vigilance qui se relâche et l'intensité des émotions; la fatigue physique n'est rien à côté de la fatigue émotionnelle. Nous prenons le temps de nous reposer et de se créer des beaux moments en famille. Nous sommes même allé voir les dinosaures au centre des sciences afin de voir le bonheur dans les yeux de Jacob...après une 40aine de tours de la salle d'exposition il a (enfin) commencé à se fatiguer ! Jacob va bien, il est plus fatigué, demande beaucoup pour voir sa petite sœur et pose des questions, mais il semble s'adapter à la nouvelle routine et à son absence...plus facilement que sa maman je dois l'avouer. Il a commencé a nous dire, dans ses mots, qu'il est triste et qu'il s’ennuie de sa cocotte...on ne peut que lui répondre que nous aussi. Nous avons tenté de l'envoyer à la garderie aussi souvent que possible, mais l'avons gardé à la maison lors de certaines journées particulières comme le lendemain des funérailles. Les gens de la garderie sont fantastiques avec nous et Jacob...et il aime toujours autant voir ses petites amies si gentilles.
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Les amies de Jacob et son éducatrice lui ont préparé une magnifique carte...merci. |
David me disait cette semaine que certaines personnes font face, dans leur vie, à de grands défis tel que faire l’ascension du Kilimandjaro ou escalader l'Everest...pour notre part nous avons eu Ophélie. La route n'a pas été tous les jours facile et nous avons du prendre de grandes décisions avec lesquelles nous devons vivre aujourd'hui. Nous aurions pu décider de prendre de petits sentiers secondaires pour retarder l'arrivée au sommet, le gavage par exemple aurait peut-être prolongé notre voyage, mais nous avons choisi de laisser Ophélie être notre guide...et elle nous a amené au sommet le 12 décembre 2011. Peu importe le chemin que nous aurions pris, le sommet était notre destination...c'est à nous maintenant d'ouvrir les yeux pour voir la beauté de ce qui nous entoure. La descente ne sera pas nécessairement facile, mais elle nous a montré le chemin à prendre...il nous suffit de respecter notre rythme et de rester unis.
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Photo internet...car l'Everest n'est pas ma légende personnelle comme le dit si bien Paolo Coelho, personnellement j'ai eu la chance de trouver mon trésor en la personne d'Ophélie. |